Déconfinement votre !!!
Bonjour à tous
Comme beaucoup, vous avez dû passer 8 semaines surprenantes, déstabilisantes, riches en émotions. La proposition de vivre cloîtré chez nous, fût une expérience atypique. Certains en ont profité pour faire du ménage, d'autre prendre du temps avec leurs enfants, certains encore ont pu découvrir en 2 mois qu'ils avaient une famille. 8 semaines confinés nous ont ouvert l'opportunité de mieux nous connaître. Être cloisonné dans un environnement restreint amplifie tous nos traits de caractère. Ainsi les anxieux, ont pu passer à très anxieux, les amoureux à très amoureux ,etc...
nous avons été assoné du nombre journalier de morts, d'informations allant dans tous les sens. Il y a de quoi être devenu complètement fou.
Si à partir de lundi 11 mai, nous allons être déconfiné de l’extérieur, je reprendrai l'expression de J.J. Crèvecoeur, « pensez à vous déconfiner de l’intérieur ». En effet, nous avons tous subi un traumatisme entre début mars le « rassurez vous, le virus ne viendra pas en France » au « RESTEZ chez vous, c'est la guerre !!! ».
Personne n'était préparé à cela, pas même notre gouvernement qui s'est vu obligé de s'adapter, sans cesse dépassé. Nos croyances et nos certitudes ont été bouleversées, pour certaines anéanties par un « ennemi » invisible. Repensez seulement à vos projets de l'année élaborés au premier janvier. Bien que nous sommes loin de ce qu'ont vécu nos arrières et/ou grand-parents pendant l'envahissement de la France par l'Allemagne, notre ADN en a pour autant la mémoire. Pas de bombardements, pas d'exode, l'ennemi est dissimulé, invisible. Tout le monde devient suspect... Même nos enfants. Nous avons dû nous couper de notre propre nature. Animaux grégaires, nous avons été imposés de ne plus nous toucher. Nous avons même été obligés d'être notre propre gendarme et juge pour estimer si notre besoin fondamental de sortir, respirer l'air de dehors répondait à l'effort de la nation. Signer un papier pour s'autoriser à sortir, je me suis cru au lycée falsifiant mon cahier de correspondance, en me sentant fraudeur pour aller faire mes courses.
Les neurosciences nous enseignent que le confinement quelque soit la manière dont nous l'avons vécu aura plusieurs conséquences :
- Le manque de cohésion sociale : l'aire tégmentale ventrale (ATV) : vous savez, c'est la zone qui vous fait du bien !!! Elle est impliquée dans le circuit de la récompense en libérant la dopamine. C'est aussi une zone du cerveau stimulée aussi bien quand nous avons été privés de contacts sociaux pendant une journée que lorsque nous avons manqués de nourriture. Nous avons donc tous vécu un jeune. Je rappelle que nous sommes des animaux grégaires, c'est à dire vivants en troupeau. Pour ceux qui suivent mes articles, vous savez maintenant que notre cerveau d'humain du XXI siècle fonctionne sur les bases de l'évolution. C'est dire que nos câblages neuronaux sont similaires à nos ancêtres. Or, dans la préhistoire, nos ancêtres ne pouvaient chasser et se nourrir uniquement s'ils coopéraient. Car, seul le cerveau doté de l'envie de collaborer pouvait survivre. Petit rappel de la pensée de Darwin : la sélection naturelle se fait toujours plus dans la coopération que dans la compétition. Être le meilleur, tout seul, ne sert à rien... Nous avons donc eu tous cette tégmentale ventrale qui s'est allumée pour crier à l'aide, réclamant de la sociabilisation, de la dopamine !!! Par conséquent si nous avons été privés, le risque
cetteque cette petite partie du cerveau va chercher sa dose ailleurs. Elle vous a sûrement incité à trouver satisfaction dans la nourriture, la consommation de produits psychotropes, ou alors, si vous n'avez pas pu lui céder, vous avez pu ressentir des sentiments plus négatifs comme des épisodes dépressifs ou agressifs... - Sur le même ordre d'idée : le manque du contact physique a pu se faire sentir: et ça,ce n'est pas fini... cela « touche » plus les personnes confinées seules : ne plus voir un visage (ou alors masqué), ne plus entendre une voix réelle (je ne parle pas des journalistes de BFM). Il manque la présence en chair et en os du contact physique, le toucher. Serrer la main, faire la bise permet de diminuer le sentiment de solitude. Chez les animaux, notamment les grands singes, le toucher est synonyme de cohésion du clan. Nous rappellerons l'exemple d'une expérience d'un mec du XIII siècle qui voulait montrer quelle était la langue originelle de l'humanité. Ils ont déposé des nourrissons dans des boites sans contact... résultat... les nourrissons sont tous morts. Les contacts physiques sont donc vitaux. Ils font reculer les sentiments d'angoisse et d'abandon. Il a même été prouvé qu'ils diminuaient la douleur physique et stimulaient le système immunitaire. Oui oui, des scientifiques ont chatouillé généreusement des personnes sous électrochocs ? et si elles avaient possibilité de tenir la main d'une personne chère alors la perception de la douleur diminuait.
- Bien sûr, le confinement nous empêche d'exprimer et d'assouvir nos désirs. Nous ne pouvons satisfaire nos désirs de base. Nous n'avons ni pu consommer à souhait (est ce un mal?), ni nous déplacer comme nous le voulions (balade en foret), ni même faire du sport à outrance. Il a donc fallu brider nos désirs profonds dans notre cerveau, jusqu'à se persuader qu'ils n'étaient pas utiles. Nous avons donc dû faire appel à notre néocortex où siège la volonté. Or néo-cortex et amygdale quand ils ne sont pasd'accord, ça fait des étincelles !!!! Ce cortex préfrontal demande beaucoup d'énergie pour inhiber notre premier circuit de réactions automatiques du système limbique. Mais au bout d'un moment... il y a craquage !!! On se retrouve en dichotomie entre la volonté et les émotions …. dans ce cas là, on risque de donner libre cours à ses émotions sans aucun filtre, sans inhibition. On se comporte alors comme un gamin de 3 ans dans un corps d'adulte. Le cerveau demande alors sa dose de dopamine, on se jette alors sur des séries télé pour se déconnecter, en mangeant beaucoup trop de sucre pour étouffer ses pulsions, ou alors on a des accès de violence.
- L'incertitude : ne pas savoir combien de temps nous allons rester enfermés, ni comment nous allons nous sortir de cette crise tant sanitaire qu'économique. L'incertitude aussi de ne pas savoir si nos proches vont être touchés, si nous pourrons venir à leur chevet. Nous sommes câblés pour pouvoir maîtriser notre environnement. Lorsque nous ne pouvons plus, nous rentrons dans l'hyper contrôle, l'angoisse, les peurs anticipatives. Notre inconscient aime tellement savoir ce qui va nous arriver. Et là, on se sent à poil sans arme. L'incertitude libère les hormones du stress. Alors le cerveau en roue libre imagine un tas de scénarios dramatiques. En fonction de notre tempérament, il est plus ou moins facile de pouvoir tolérer cela. Certains ont choisi le déni, sortant comme si de rien n'était, et les autres dans l'hyper contrôle vont choisir la voie opposée. Ils vont se ruer sur les pâtes, le PQ et les masques à la première alerte.
Ensuite nous allons être confrontés au choc du déconfinement : après nous avoir répété que sortir était dangereux, lundi 11 c'est l'heure de retourner travailler. Les différents points de vigilance sont :
- Retrouver la vie à l'extérieur. Cela concerne surtout les personnes qui ont eu peur de la maladie, qui étaient dans l'hyper contrôle. Le fait d'être obligé de sortir chez soi, les confrontera à « devoir prendre des risques » qu'ils ne peuvent pas anticiper. Alors l'hyper vigilance sera heurtée voir saturée. Se sentant poursuivit par les risques, en lecture biologique, nous parlerons de paranoïa. Il leur faudra faire attention à tout, tout le temps. Le cerveau en branle se remettra ou poursuivra ces scénarios pouvant aller jusqu'à l'agoraphobie, l'hypocondrie, etc.
- Les séparations : je pense surtout aux enfants. Nos loulous ont passé 24h/24, 7j/7 et 8sem/8, pour beaucoup. Une zone de confort s'est installée avec papa et/ou maman. Le retour dans une routine de travail risque de provoquer une séparation dû au fait de l’acclimatation de s'être retrouvés tous ensemble. Vous vous souvenez des premières fois chez la nounou, ou à l'école ? Bah, rebelotte !!!
- Le : j'ai pas envie... et oui retour à toutes les contraintes que nous étions heureux d'avoir fui :
- la gestion du temps et du rythme de vie, retour à la course effrénée derrières les aiguilles de l'horloge
- la pression de la rentabilité professionnelle, avec un retard probablement accumulé, durant ces deux mois et le stress du patron qui ne sait plus comment faire pour redresser la barre.
- gérer la vie sociale avec les collègues avec qui nous nous sentions déjà en décalage avant mais dont l'écart s'est encore creusé.
- Etc...
- La gestion sociale : il va falloir s'adapter, se positionner en fonction des règles individuelles de chaque individu que nous allons rencontrer :
- les croyances : entre ce qui sont encore confinés dans leur tête, qu'il ne faudra pas approcher à plus de 30 mètres et les autres qui voudront vous léchouiller le visage pour vous saluer, cela va nous forcer à être vigilant aux peurs et aux besoins de notre entourage. Je ne cesserai de répéter qu'avant tout cela, il vous faudra faire le point sur votre système de croyances : ce que je crois, ce que je veux, et ce que je ne veux pas. Il faudra donc savoir se positionner, annoncer nos choix, ne pas juger les comportements de chacun et en ne les prenant absolument pas contre soi. TOLERANCE et REPOSITIONNEMENT sont nécessaires.
- Les biais de communication. Moi le premier, je suis gêné par le fait que le visage de mon interlocuteur soit caché. Je ne peux donc plus percevoir une grande partie du langage extra verbal. Il se crée alors des quiproquos par ces manques de feedback. La communication, la reformulation et le questionnement seront de mise.
- Pour aller plus loin, je vous invite à quitter le conditionnement dans lequel on nous a mis depuis le 16 mars, l'atteinte à la liberté, l'infantilisation à laquelle on nous a soumis. Il semble évident que je n'en parlerai pas plus ici. Cependant, nous avons perdu tellement de repères qu'il va falloir se réapproprier des réflexes simples.
- Les avis divergents : c'est comme en politique, n'essayons pas de convaincre les avis divergents. Cela permet de garder des amis avec qui nous avons toujours tant de points en communs. Qu'un autre virus ne se propage pas : celui de l'intolérance et la méfiance.
- Le choc post traumatique : pour ceux qui ont vécu la mort sur eux.
Je ne saurai vous conseiller qu'en cas de peurs, de symptômes persistants d'aller vous référer aux chiffres de l'INSEE, qui montre une augmentation de la mortalité sur 2 semaines uniquement, sur les facteurs de comorbidité du Covid et de le comparer à votre terrain (mode de vie, alimentation, système immunitaire, etc), vous référer aux statistiques de santé publique France qui laisse penser que nous arrivons à une nette décrue de l'épidémie. Un petit rappel par exemple la varicelle emporte 4 à 10 bambins par an en France. 14 250 enfants ont été hospitalisés en France en 2018 pour bronchiolite. Bref, encore un petit effort, inhibez madame amygdale par le pré cortex, revenons à la raison tout en respectant les gestes nécessaires (je n'aime pas barrière).
Si des symptômes persistes, il faudra penser à aller voir vos acteurs de santé habituels qui pour sûr mettent tout en place pour votre sécurité (désinfections, gestes barrières, distanciation). Je parle bien sur de vos
- médecins traitants
- de vos kinés,
- de vos psychologues,
- de vos microkinés
- et tous les autres thérapeutes
Si des symptômes persistes, il faudra penser à aller voir vos acteurs de santé habituels qui pour sûr mettent tout en place pour votre sécurité (désinfections, gestes barrières, distanciation). Je parle bien sur de vos
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- de vos kinés,
- de vos psychologues,
- de vos microkinés
- et tous les autres thérapeutes
Pour rappel le syndrome de Stockholm n'est pas un mythe : pour reprendre un blague sur facebook : « si tu es retombé amoureux de ton partenaire pendant le confinement, c'est dû au syndrome de Stockholm »