lundi 14 décembre 2020

L’âme et le corps, Le thé et la tasse (ébauche)

  L’âme et le corps, Le thé et la tasse 


Un jour nous échangions, un ami et moi, sur un sujet épineux ; comment expliquer la mort aux enfants ? Ce n'est jamais un sujet simple, car il contact nos peurs les plus archaïques. En effet, dans le monde animal, la seule odeur qui répugne un prédateur est celle de la mort. Les proies sont toujours sur le qui vive, à chaque fois qu'ils se sentent dans un environnement insécure. Cela paraît normal car l'inconnu dont elle doit prêter l'attention est rarement une marguerite d'une blancheur immaculée dont la splendeur de la géométrie des pétales la remplirait d'émoi. Non, non, la rencontre impromptue aux coins des fourrés est plutôt une lionne qui pourrait bondir sur la gazelle. Nos réflexes biologiques sont donc souvent tournés dans une notion de survie. Comme la Nature fonctionne souvent par antagonisme, nous comprenons bien que l'opposer de la survie est la …. mort. La mort est donc la peur fondamentale de tout être humain. Elle est appréhendait de manière diverse en fonction des cultures. Si beaucoup de religions pensent en la réincarnation, la culture judéo-chrétienne aurait oublié ce volet au IV siècle par l'Eglise la transformant en résurrection. Depuis l'aire industrielle, notre société consumériste et matérialiste c'est peut à peu déconnecté de la Nature pour prêter attention à l'observable, à la matière. Ce n'est pas étonnant que nos sociétés modernes pensent que quand nous mourrons, notre corps se décompose et puis plus rien. Du temps des animistes, tout objet, tout corps, est investie d'une âme, du caillou au chevreuil. Dieu merci, les thèses sur la physique quantique tendent à nous rapprocher de ces visions ci. Notre Conscience ou Ame, serait alors en perpétuelle connexion à ce que certains appellent la matrice divine, le Champs Quantique, Dieu. La conscience serait alors un champs où il n'y a plus de temps, plus d'espace. Tout est alors connecté relié. C'est un monde d'informations, de fréquence sans matière. L'ame individuelle serait alors une vaguelette de cette grande mer que nous pouvons nommer Conscience Universelle



Donc, nous discutions au sujet de ce moment fatidique qui nous concerne tous : la mort. « sur un intervalle de temps suffisamment long, l'espérance de chacun est réduite à zéro ». Mon ami m'expliqua qu'il racontait aux enfants une courte une parabole . Si vous me le permettez, je vous la livre de suite : 

« Tu sais, mon gamin, la mort, c'est facile à comprendre. Imagine une tasse de thé. Une simple tasse avec des motifs et des couleurs, si tu veux. La tasse représente le corps physique. Sans rien à l’intérieur, sans contenu, ce n'est qu'un objet sans grand intérêt que nous réservons au placard. Elle est donc inanimé et n'a pas de fonction, donc on la range et on ne s'en soucis guère. Maintenant, imagine que dans cette tasse nous y versions du thé. Cette tasse prend alors tout son sens. Elle a une fonction, elle s'anime. Le thé nous l’appellerons l'Ame. L'Ame, c'est ce qui nous anime, c'est l'essence de l'Être. Comme le thé, l'Ame est chaud, pleins de parfum de saveur, de couleur. Tout au long de la Vie, le thé reste dans cette tasse. Et un beau jour, la tasse se brise en mille morceau. La tasse est cassée. C'est ce que les adultes appellent la mort. Mais pose toi alors la question : où est le thé ?? … Oui... le thé s'est répandu sur la table, sur le carrelage partout.... En réalité bien que la tasse soit cassée, le thé est toujours présent. Il n'est juste plus contenu par un contenant. Ainsi la mort est donc le fait que la tasse soit cassée, mais l'âme quant à elle, elle s'est répandue partout, libérée de la matière. Ce que nous apprécions, tu sais, chez nos proche, ce n'est pas la tasse, c'est leurs âmes. Alors rassure toi gamin, bien que la tasse soit brisée, sois certain que l’âme bien que volatile, soit encore à tes cotés. Nous ne pouvons pas la voir car nous regardons le monde avec les yeux de la tasse, cependant nous pouvons parfois sentir les âmes de nos proches décédés ». 




Personnellement, j'ai adoré cette métaphore tellement simple à comprendre. 


Cependant, je me permettrai alors plusieurs nuances. Si la création de la tasse serait la conception physique d'un embryon, son remplissage serait l'incarnation. Pour beaucoup de cultures, le corps n'est qu'un véhicule où s'incarne une âme dans les premières semaines de grossesses. Nous pourrions alors nous interroger sur le fait que, parfois, une âme, peu ne pas remplir complètement la tasse. Il resterait alors une partie du thé dans la théière tandis que la récipient en contient l'autre partie. Que ce passerait-il alors si une partie de notre âme ne serait pas dans notre corps ? Nous sentirions probablement des grands manques, des vides existentielles. Peut-être alors, serions-nous plus triste, plus nostalgique. Souvent alors nous aspirions à un autre monde. Nous pourrions penser qu'un autre Ailleurs existe. Les émotions se feront fades. Peut-être que notre partie d’âme incarnée sentira un manque que nous chercherions à combler dans des dépendances qu'elles soient alors affectives et ces relations fusionnelles, que par des substances afin de voyager dans des paradis artificiels. Notre rapport à la Vie est terne, comme passé à travers de multiples filtres. La perception globale de la Vie sera comme un jus de chaussette. La mélancolie s'installera peut être avec l'âge car quoique nous fassions, nous sentirions toujours une part vide que rien ne peut accompagner. L'envie de rejoindre cette ailleurs se fera alors parfois plus grande. Cette lassitude de vivre, se retrouve des fois chez des enfants que nous rencontrons. Souvent, des phrases du genre,  « je n'ai pas choisi de venir ou de vivre » se feront entendre. Cependant, si tu penses n'avoir jamais choisi de t'incarner... Sache qu'à tout moment, n'ayant pas opté pour la mort, tu as valide le choix de vivre. 

Il faudra peut être un peu de temps pour la tasse de s'apercevoir qu'elle n'est pas pleine et de redemander le reste du breuvage à la théière, la grande Conscience. La tasse se sentira maintenant plus complète, plus chaude plus entière. 




Si nous poussons la métaphore plus loin. Nous allons maintenant imaginer que cette tasse est bien pleine. L’âme, le corps, l'esprit sont alignés en connexion. Brusquement arrive un choc émotionnel. Vous savez ? comme un tremblement de terre dans votre vie. Comment réagit la serveur du café qui prend un coup de coude alors qu'il porte un plateau dans lequel il y a la dite tasse ? Il va probablement tout faire pour que rien ne tombe. Il va s’accrocher à garder un équilibre et limiter la casse. La tasse va vivre un fort déplacement peut être même se cogner contre la bouteille de bière d'à coté, n'est ce pas ? Et le thé ? Quant à lui ne va-t-il pas voler le temps d'un instant et sortir de la tasse ? Puis par la gravité ne retombera-t-il pas ? Dans notre vie nous avons tous été confrontés un événement tellement fort, où nous nous sommes sentis déconnectés de nous. Nous avons alors vécu la scène en spectateurs. Certains décrivent même s'être perçus en dehors d'eux mêmes. Ne ressemblerait ce pas à ces moments où lors d'un choc le thé quitte la tasse l'espace d'un instant ? L'instabilité de la tasse ne permet pas au thé de rester dedans. L'âme se protègerait alors de la souffrance du corps. 



Un autre cas aurait peut être eu le mérite d'être aborder. Nous pourrions aussi imaginer qu'un copain mal attention, insatiable puisse boire dans votre tasse. Cette tasse qui était pleine se vide sans que le thé ne comprenne ce qui lui arrive. La chaleur part alors progressivement de la tasse et elle sent comme un vide s'installer. Je pense ici à toutes les personnes en burn out, en dépressions, qui se sentent vampiriser par un de leurs proche. Notre tasse est sacré, nous devons en prendre soin comme de l'objet le plus précieux. Car si ce n'est qu'un véhicule, ma voiture ne me sert à rien quand elle est en panne. De plus, il est important que notre thé ait un rapport privilégié avec son contenue, qu'ils puissent échanger ensemble. Il est important aussi que notre thé ne soit pas frelater par des eaux croupies. Nous devons veiller à cette équilibre.



Puis, lorsque vient un drame encore plus fort, ne serais pas logique d'aborder cette métaphore encore plus loin ? Je pense à tout ceux qui sont dans le coma, ou avec des séquelles neurologiques, les démences, et l’Alzheimer ou tout simplement la vieillesse. Pouvons nous penser alors que cette tasse ait été ébréchée et qu'une quantité plus ou moins importante de l'âme se serait écoulée progressivement en dehors. Si une intervention humaine ne serait pas intervenue, la tasse se serait alors complètement vidée. Si nous prenions ce cas ci, alors il est facile de comprendre les malades d’Alzheimer, certaines psychoses etc. Car une partie de leurs âmes et dedans, une autre est dehors. La communication entre les deux est rompue. Ils sont à la fois dedans et dehors, à la fois dans se monde et ailleurs. Cela pose la question de certaines fin de vie alors, ne trouvez vous pas ? Je ne pose qu'une question, sans forcément avoir la possibilité d'avoir une réponse notamment sur les traitements invasifs etc, car nous ne savons jamais quelle quantité d'âme est restée présente dans la tasse. 

En tant que soignants, nous voyons souvent le monde au travers des yeux de la tasse. De tasse à tasse nous voulons souvent réparer la tasse de l'autre sans se soucier de la qualité du thé, de sa quantité. Nous n'abordons que rarement si le thé est encore chaud, s'il n'est pas oxydé, s'il a encore sa saveur, ou ses essences se sont évaporées. Nous voyons alors une tasse à réparer, alors nous le faisons. Si l’âme s'est déjà répandue dans un espace plus grand que la tasse, et qu'une toute petit partie du thé est encore présente, comment l’âme peut alors présente dans le monde matériel ? Comme cette âme peu réchauffer la tasse. Comment le thé peut encore animer le corps, et percevoir son environnement ? Cela pose donc le questionnement des souffrances que nous projetons sur nos proches qui présentent ce type de pathologie.



Cette métaphore est par son contenu confrontante, cependant elle nous offre une autre perception de la Vie et de la mort. Elle met en perspective une vision novatrice de la maladie psychiatrique et des patients qui ont perdu une part de leurs identités dans leurs handicaps. Nous pouvons alors penser que l'autre partie de l'identité est dans un plan plus subtile. Elle est toujours présente mais nos yeux de tasse, d'être matériel ne la voit pas. Elle n’interfère plus de la même manière avec notre monde car les (en)jeux ne sont plus compatible. L’âme alors ne souffre plus car il n'y a que dans le corps matériel que la douleur existe. 


de tout mon coeur, Maman Bis